Aujourd’hui on a compris qu’en continuant à cheminer droit devant soi, par la grâce de la sphérité, on reviendra chez soi.

Publié le par lae

MALAISIE

Kuala Lumpur

« La modernité des citadins leurs a appris à marcher en regardant le sol, alors que le voyageur conserve toujours la tête en l’air au cas où une étoile filante viendrait à passer…»

 

Nous arrivons à l’aéroport… et, ironique ou non, nous allons vraiment être dépaysées. Tout est propre, des poubelles partout, des salles fumeur, des gens pour nous informer, des touristes en tongues et en short, le soleil, la facilité, l’organisation, les taxis luxueux, aucune vache à l’horizon, ni de mendiant, de trous sur les routes, et il y a même des panneaux pour indiquer les chemins ! Nous sommes en plein rêve…

Cela aurait pu nous toucher différemment dans un autre contexte, d’ailleurs, nous y avions fait escale en partant de Thaïlande, et rien ne nous avait interpelées. Mais là… là… après 4 mois d’Inde, presque 2 mois de Népal, nous hallucinons complètement, mais également avec un certain plaisir et soulagement. Ah oui, les sociétés modernes et développées…

Nous rechargeons nos batteries à Kuala Lumpur, nous nous laissons séduire par le shopping et les immenses buildings sans fin, les bus et le métro, la propreté et les reggae bars. Le temps de faire quelques emplettes, de passer chez le coiffeur, de s’acheter t-shirt, débardeurs, vernis à ongle et des sandales, et de jouir des soldes surtout, nous voilà fin prêtes pour affronter l’été. Nous passons également plusieurs heures et journées à l’ambassade d’Indonésie, à faire la queue, à prendre des numéros, à attendre, à se justifier sur notre venue, bref, nous repartons fièrement avec notre visa 2 mois. C’est comme si on avait été reçu au bac, la joie est bien là, vu que l’acceptation d’un VISA 2 mois dépend de la bonne humeur ou non du chef du service…

Nous allons marcher, dans cette ville moderne en tout point, admirer les gens en costard-cravate, et les femmes en jupe tailleur. Nous allons aussi resterperplexe face à la culture malaisienne, face au choc religieux, nous pouvons voir une femme en burqa dans le métro assise à côté d’une autre femme en jupe débardeur. La Malaisie réserve bien des surprises. En même temps, tout le monde parait vivre sereinement, les uns avec les autres. D’ailleurs, plus personne ne nous regarde, retour à l’anonymat complet, finis les regards insistants, les questions répétitives, la perplexité des gens. Nous nous fondons dans la masse… et encore. Ben oui, on a toujours nos t-shirt Ganesh d’inde, nos Bindis, nos bracelets de chevilles. Il était temps de faire un peu de shopping, notamment dans les immenses tours Petronas, et dans la ville voisine de Melaka (à 2h de KL).

Evidemment, nous tombons aussi en plein chaos social, la colère gronde, l’état bouche ses oreilles (ca nous rappelait de vagues souvenirs…), les manifestants sortent dans les rues, les gaz lacrymos nous piquent les yeux. La ville dort, ferme ses portes, tout s’arrête, les arrestations fusent et la police contrôle la population. Le calme reprend le dessus en fin de journée, notre dernière soirée à Kuala Lumpur, les gens ressortent, reprennent l’espace de la rue, rouvrent les boutiques.

Par chance, nous croisons un groupe d’amis Malaisien(nes) avec qui nous allons passer nos derniers moments dans cette ville. Ils vont nous emmener manger du poisson frais dans un endroit à la fois réputé et populaire, les plats se partagent, nous parlons de nos vies respectives, de la culture, nous bafouillons quelques mots en Malais. L’hospitalité malaisienne n’est plus à prouver, nous avons dû nous résigner à partager les frais du repas. Pourtant, nous n’étions pas tombées sur des personnes aisées. Mais c’est comme ça la bas, et on ne discute pas. « You’re our guest ». Gênées, mais heureuses de partager ces moments avec eux. Comme d’habitude, nous irons finir la soirée au reggae bar, sous la douce musique de l’universel Bob.

Pas le temps de dormir, nous sommes à l’aéroport à 5h, pour prendre notre vol (que nous avons cru le dernier tellement les secousses étaient fortes) pour Medan, sur l’Ile de Sumatra, en Indonésie.

 

L’INDONESIE

 

« Mieux vaut s’interdire au moment de prendre la route, d’emporter avec soi ce que l’on sait déjà de l’endroit où l’on va. Un esprit vierge est la meilleure longue vue pour balayer les horizons ».

 

Notre arrivée à Sumatra fut elle aussi déconcertante. Nous voilà avec des millions de rupiah dans les poches, mais j’avoue qu’on s’habitue rapidement à la vie de millionnaireJ. Medan est une ville horrible, bruyante, polluée, moite, étouffante et moche. Nous n’y restons qu’une nuit, le temps de lier d’amitié avec Arnaud et Charlotte, deux Parisiens en exil depuis 11 mois sur la route. Ils ont quand même fait la moitié de leur voyage dans leur Van Volkswagen, partis de France jusqu’en Inde, en traversant la Grèce, la Turquie, la Jordanie, la Syrie, l’Arabie saoudite, Oman, et venir s’échouer en Inde. Quel courage de venir en Inde en camion ! Mais ce sera leur dernière étape, puisqu’ils décident de finir à pied, et de renvoyer leur camion… d’Inde (!!!!!!). Nous partons donc avec eux, a Bukit Lawang, profiter d’un des seuls coins au moins où nous pouvons admirer les orang-outan. 1 jour de trek dans la jungle profonde, à gravir des montagnes et à se faire des torticolis pour voir ces singes majestueux perchés en haut des arbres, et dansant de lianes en lianes, accompagnés d’un groupe de guides fanfarons indonésien. Nous avons quand même risqué nos vies à vouloir s’approcher trop près du plus gros oran-outang du site. Impressionnant le bonhomme (vous voyez Bud Spencer ? c’est pire !!) Pris de panique, nous courons, certains s’éjectent sur les côtés (n’est-ce pas Arnaud ?), Sarah, dans la précipitation, perd son appareil photo (merci au guide d’être retourné le chercher…), d’autres tombent, c’est du grand n’importe quoi, mais on ne rigole pas face à Godzilla. Plus de peur que de mal, et même si on en rigole aujourd’hui, on s’en souviendra longtemps. Nous passons deux merveilleux jours dans la jungle, à admirer le caoutchouc qui coule des arbres, le cacao, la faune et la flore, les arbres immenses, les bruits de la jungle, les singes évidemment, à dormir sous des bâches au pied d’une rivière et à se croire en colonie de vacances le soir à jouer tous ensemble à des jeux enfantins autour du feu. La nourriture fut un pur plaisir gustatif. Le lendemain, baignade obligée dans la rivière, et nous voilà partie en Rafting pour rejoindre notre guesthouse. Nous avons, pour la première fois dans notre voyage, rencontré des gens aux histoires similaires, des voyageurs longues durées, des français majoritairement, venus passer l’été sous les cocotiers indonésien.

La prochaine étape, celle où nous sommes actuellement, était : Le lac Toba. Après 7h de bus et 1h de bateau, nous retrouvons Maritxu, Petiane, Seb et Caro les toulousains-basques avec qui nous allons passer une belle soirée, à parler de voyages, d’indépendance du pays basque et de musique. Nous nous trouvons une petit guesthouse sympathique, un bungalow pour 40 000 IDR (1euro : 12000 IDR), au bord de l’eau, où nos chemins vont croiser celles de moult français (des profs notamment, ben oui, ils ont 2 mois de vacances eux…), Guillaume et Charlotte qui sont venus faire un break après leur année en Nouvelle-Zélande, Morgan, le Breton, qui repart d’un an en Australie, Renaud, prof de maths qui nous racontent la vie au Japon, Anne et Bastien, les deux profs de sport en manque d’escalade de volcan,Iliah et Phoebe les juenes australiens partis en initiation, bref, nous formons une belle petite troupe. La journée, nous louons un scooter et profitons des environs en long, en large et en travers, avec cette même sensation de liberté à chaque fois, les soirées nous les passons tous ensemble autour d’un verre (ou 2…). Après avoir feter l’anniversaire de Guillaume (bon Guillaume, ça touche ou ça touche pas ??!!), notre vie se rythme tranquillement, à la vitesse des scooters la journée, et autour d’une table basse le soir, à jouer aux dés et à parler de tout et de rien, tous réunis.

Prochaine étape, Medan encore une fois, pour choper notre vol Medan-Jakarta le 20 afin de rejoindre Myriam qui arrive. TROP HATE !!!!

 

JAKARTA

Après quelques loupés dus à une non organisation bien rodée, nous retrouvons finalement Myriam non sans mal dans un miteux Hôtel de Jakarta à JalanJaksa. Décidemment, on pensait que Medan suffisait à faire honte à l’Indonésie, nous n’avions pas vu Jakarta ! Quoi qu’un chouïa plus agréable, cette ville fourmilière à la pollution, aux embouteillages et à l’excessivité des prix n’est pas des plus merveilleuse. Je dois peut-être même avoué qu’avec Bangalore, elle remporte haut la main le trophée des villes les plus horribles que nous ayons pu voir. Un petit relan d’Inde arrive à grand pas, la saleté, le bruit, il ne manquerait plus que les vaches et on s’y croirait. Nous avons pourtant essayé de vagabonder dans ses rues, ce qui, on l’a vite compris, n’est d’aucune utilité puisqu’elle n’est pas à échelle piétonne, et que, si vous prenez un taxi vous serez pris dans des embouteillages à voir le compteur flamber. De plus, avez-vous déjà vu une ville ou les rickshaws sont plus chers que les taxis ? Enfin, nous y restons quand même 2 jours histoire de se retrouver, et nous partons illico presto pour Pangandaran, petite station balnéaire dans le centre- sud de Java, moyennant quelques dizaine d’heures de bus interminables. D’ailleurs, je n’ai jamais vu non plus un pays si touristiques avec des routes si scabreuses jonchées de trous et de nids de poule. Attention aux secousses !

 

PANGANDARAN

Nous échouons donc chez Tri, une trentenaire Indonésienne mariée avec un français qui maîtrise parfaitement la langue, au Pondok Manga, à Pangandaran à quelques mètres de la plage. Notre chambre, spacieuse, abrite 3 lits, un petit balcon, et une belle salle de bain. Un petit dèj indonésien nous est « offert » le matin (bananes frites en beignets et du café/thé). Je dis « offert » car vu le prix de la chambre, qui vous semblera dérisoire mais qui au niveau local est énorme (150 000 IDR la chambre pour 3, sachant que l’on payait 40 000 au Lac Toba pour un petit bungalow privé), heureusement que le petit dèj est offert. Peu importe, rien ne saurait entacher notre sourire, nous passons de très bon moment en ce lieu, à papoter avec Tri, notamment du tsunami qui tua de nombreuses personnes ici même. Les panneaux omniprésents nous le rappellent sans cesse. «  Si tsunami il y a, courez en hauteur ». Nous sentons dans les yeux de Tri la perplexité et la peur qui continue de hanter les lieux. « Ils nous ont dit qu’un tsunami ne se produisait jamais 2 fois au même endroit… sinon, nous avons 20min pour fuir et sauver notre peau », nous l’espérons sincèrement. Tout le monde ici a perdu un frère, une sœur, une nièce ou un parent proche, que la mort est venue souffler sans prévenir. Parfois, la terre réclame son dû, mais j’ai l’impression que ce sont toujours les mêmes qui trinquent. L’Indonésie abrite quand même plusieurs volcans toujours en activité, et est dans une région sismique qui n’est plus à prouver. Quand nous voyons que les gens vivent dans des cabanons fait de bambous et de tôles, à flan de volcans ou au ras de la mer, nous pouvons facilement imaginer les dégâts.

Nous passons donc quelques jours à Pangandaran, à se balader pour chercher un coin de plage. Il est toujours question ici, pour la population locale, de se baigner non pas en saree, mais voilé. Arf, bon mais les gens ne nous regardent pas comme des extra-terrestres si nous la faisons à l’Européenne. Après, toujours la même question, la liberté de l’un s’arrête-t-elle où le respect de l’autre commence ? Nous allons aussi faire une petite excursion au Green Canyon, en passant visiter quelques fabriques de ci et de ça, genre de chips aux crevettes, de sucre de noix de coco, et des fabriques de marionnettes. Nous irons larver sur une plage de surfer (et oui, l’Indonésie est un des meilleurs endroits pour le surf, avis aux amateurs !) nous faire fouetter par les vagues. Puis, nous admirerons comment la population utilise le bambou à des fins divers et variés (pour faire des ponts, des toits, des maisons, des nattes, des tapis…) pour finir par être charmées et presque émues par le centre de réhabilitation des tortues, à quelques mètres de la plage même où elles viennent pondre leurs œufs.

L’activité nocturne de Pangandaran est plutôt calme, nous trouvons quand même quelques bars les pieds dans le sable pour profiter des vacances (« oserais-je dire méritées ?? … bon, d’accord, nous nous entendrons pour dire qu’en tout cas, Myriam les a bien méritées…»), et nous voilà reparties pour Yogyakarta (Jojya pour les intimes), la belle, la grande, l’artistique,et de son temple bouddhiste le plus grand du monde (Borobudur) avant de faire les exploratrices et d’escalader le Volcan Bromo.

Publié dans Indo-Malaisie

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R
<br /> Magnifique récit qui vient rendre encore plus vivantes tes belles photos! So continue à nous faire rêver schtroumpfette et à profiter!!!<br /> <br /> <br />
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A
<br /> Tambien estoy esperando el dia en que nos cuenten sus impresiones de viaje de cara a cara... Toujours aussi super de te lire et de voyager avec vous!!! J'ai adoré l'épisode de godzilla et je vous<br /> imaginais sans mal comme dans un film d'action avec effets spéciaux :) Gros bisous les poulettes et continuez à nous faire voyager avec vous. Ps : ça y est j'ai cumulé assez d'heures supp pour<br /> faire un trip début 2012... J'vous rejoins où???<br /> <br /> <br />
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L
<br /> solo una linea para decirte q de cuando en cuando me poso por aqui... en espera del dia en q me lo cuentes todo cara a cara ;)<br /> gros bisous<br /> <br /> <br />
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F
<br /> Et bien, impressionnant récit. On sent bien le dépaysement, positif ou négatif, on ressentirait presque tes émotions à la découverte des paysages, villes des cultures.<br /> Mais aussi que d'aventures et de terribles dangers !;) D'abord les maléfiques sangsues népalaises, ensuite l'impitoyable ciel d'indonésie et enfin l'oran-outang exterminateur... je suis<br /> content que vous soyez encore en vie !<br /> Je vous souhaite une escalade du volcan moins périlleuse.<br /> Des bises et à bientôt... en France !<br /> <br /> <br />
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F
<br /> toujours super de te lire<br /> j'aimerai être avec vous les filles!!<br /> gros bisous<br /> <br /> <br />
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