Viens voir, Viens voir....Toi qui parle sans savoir

Publié le par lae

 

« Partir c’est explorer ce nouveau monde qui émerge, le comprendre, le façonner.

 C’est vouloir participer à un concert de voix nouvelles dans lesquelles chacun ambitionne d’ouvrir un chemin original et répondre à cette question qui taraude les voyageurs : D’où viens-tu ?

En réponse, ceux-ci voudraient répliquer « qui es-tu ? » tant il semble désormais vain d’enfermer un individu dans une « identité caché », fondée sur ses seules racines.

Alors le monde d’aujourd’hui crie à tous les candidats au départ : 

« Et vous ? Que rêvez-vous d’être désormais ? »

 

Lorsqu'on dit à la plupart des gens "je pars en voyage" ils nous répondent quasi tous "t'as de la chance" alors qu'en fait comme me l'on fait remarquer mes deux globes trotteuses, finalement cette chance c'est plutôt une décision, une volonté: bien sur, j'ai de la chance d'avoir deux amies qui ont décidé de voyager durant une année, ce qui m'a aidé à prendre ma décision de les rejoindre mais il s'agit bien là d'une volonté de ma part, d'une envie de découvrir autre chose et quelle découverte !!!!!!

Les voyages à la base c'est pas forcément mon truc...enfin, je veux dire comme tout le monde j'aime l'idée du voyage, d'aller à la rencontre de quelque chose de complétement inconnu, de voir des choses dont on ne soupçonnait même pas l'existence mais cet inconnu justement était un vrai frein à ces fantasmes! Il y a une réelle différence entre penser un voyage et partir en voyage. Le hic chez moi c'est que malgré mon côté social, l'inconnu est une vraie angoisse : me retrouver dans un lieu différent de mon environnement, de mon quotidien me fait carrément flipper !!!!! Alors prendre la décision de partir au Népal et d'aller trekker pendant quelques jours dans les montagnes népalaises a été en soi très facile mais lorsque je me suis retrouvée avec mes billets en main à CDG, ça a été une  toute autre histoire....

Une fois les premières angoisses passées (vol annulé, combat avec la compagnie aérienne à Delhi dans un anglo-indhi pour avoir une nouvelle place, bagage qui n'arrive pas..) je me retrouve donc dans une guesthouse à Kathmandu City : comment décrire cet endroit ? bah en fait c'est un peu comme à la maison...Madu, notre hôte nous traite comme des princesses : tout est là pour apprécier son moment, qu'il dure 10jours ou des mois!! Je me fond assez vite dans le décor, mais en gardant tout de même un sentiment étrange qui me fais me demander à chaque fois où je suis, si c'est bien moi qui suis ici alors pour ça, je tourne très souvent la tête vers Laé et Sarah et là je réalise que Oui, j'ai bien fais tout ce chemin et Oui, c'est bien moi qui suis là!

A peine arrivée, le temps de récupérer mes bagages (je vous ai dis que j'ai pas eu mes bagages tout de suite?? ANGOISSE), on se décide à partir en trek : on s'occupe des formalités administratives c'est-à-dire des permis de trek car Oui il faut un permis pour pouvoir accéder à ces monts et merveilles!!!!! On se décide donc pour faire le petit balcon des Annapurnas, ce qui représente quelques kilomètres (je ne sais pas exactement combien) où on passe par 6 villages différents.

Nous voilà donc partis, armés de nos sacs à dos, prêt à en prendre plein les mirettes!! Nous entamons notre trek par quelques 3000 marches à gravir: bon là tout de suite on a envie de déclarer forfait, 3000 marches! Je voyais déjà un mur face à moi mais en fait nan c'est plus viscieux que ça, c'était des marches sur tout le long en fait...des marches, tout le temps...des marches qui montent, qui descendent mais des MARCHES!! Même si la difficulté se fait vite sentir, la beauté des paysages prend place et tout s'efface : on se laisse emporter par toute la verdure, la lumière qui illumine toute la vallée, le son des oiseaux et le bruit de l'eau qui s'écoule d'une cascade! Nous passons par des petits ponts de bois où on croise des ânes, nous marchons à côté de buffles et d'un coup on se fait envahir par des SANGSUES!! Les sangsues! C'est pas horrible comme bestiole ça?!! Cela dit grâce à elles, on n'est jamais monté aussi vite !! C'est-à-dire qu'en même temps on s'est retrouvés en une fraction de seconde avec des sangsues qui arrivaient de partout, c'était comme un film d'horreur où on voit des sales bêtes arriver en masse et de partout!! Elles se faufilaient partout: elles rentraient dans nos chaussures, nos pantalons!!

Mais le trek c'est aussi ces moments de marche : il y a ces moments où l'on partage avec l'autre cette découverte, où au même moment nous prenons le même plaisir à nous retrouver là où nous sommes, où nous prenons consciences du chemin que chacun a parcouru pour arriver jusqu'ici et quelque part de la chance que nous avons d'être là et de vivre ces instants ; mais il y aussi ces moments où l'on se retrouve seul, seul face à sa douleur où l'on se demande si on va pouvoir encore avancer, ces questionnements où l'on s'interroge sur nous-même..comme une sorte d'état des lieux de qui on est, ce qu'on fait de notre existence, est-on satisfait de la vie qu'on mène.

Dans le trek, c'est aussi des lieux que l'on traverse mais qui nous traverse aussi comme ce village à Ghorepani où à la base on devait juste s'arrêter boire un thé avant de reprendre la marche et où au final on y reste une journée et une nuit entière! Nous sommes accueillis par un couple, de jeunes parents avec une petite fille trop mignonne!!!! Des gens d'une gentillesse qui vous inonde complétement, nous passons l'après-midi à discuter entre nous, à nous découvrir un peu plus et à découvrir la journée d'un couple de jeunes parents et jouer à la poupée, avec la petite Ubica. C'est aussi lors de ce moment que je prend conscience qu'il est bon de voir des enfants, d'entendre des rires d'enfants et de voir dans leurs yeux ces petites lumières...ces mêmes lumières qui, pour la plupart des enfants rencontrés en ville, ont complétement disparus! Il a été assez dur de se confronter au regard, parfois insistants, de ces enfants des rues qui nous attendent pour mendier de l'argent ou un cornet de frites ou bien de les voir, plus généralement le soir, sniffer la colle. Ne plus voir l'innocence dans les yeux d'un enfant est quelque chose de très déroutant car cela nous rappelle à quel point nous sommes impuissants face à cela. Mon premier reflèxe est de vouloir donner le peu que j' ai car on sait que pour eux, cela représente une forte somme mais est-ce que cela sera suffisant ? Est-ce que si aujourd'hui je leur donne, je les retrouverais demain avec ces lumières dans les yeux ? Pas sûr....Alors pour pallier à ce sentiment de culpabilité, de pitié je donne une fois, deux fois  mais après j'accepte le  fait que je ne puisse pas donner plus, et je contourne doucement le regard en esquissant un sourire, pour rassurer ma conscience.

Enfin, le trek c'est aussi tous ces paysages magnifiques auquels je ne m'attendais pas du tout, moi qui voyais le Népal comme un grand désert, j'ai été plus que surprise: toute cette faune et cette flore, à notre portée, c'était géant !!!!!!!!!!!! La mousson s'amorçant, cela donnait une ambiance parfois mystique lorsque la brume amorçait sa descente sur la vallée, nous nous retrouvions face à un mur blanc! Nous ne pouvions plus distinguer les montagnes alors à ce moment on  se doit de prendre un temps pour observer ce phénomène, l'apprécier, lui trouver quelques explications rationelles ou bien spirituelles mais quoiqu'on en pense, on s'arrête forcément pour l'apprécier !!!!! Le paysage qui me marquera le plus est sans aucun doute la vue de Poon Hill, à 05h du matin : nous sommes montés à 3210mètres d'altitude pour aller observer le lever de soleil sur les Annapurnas. Ce moment est assez indescriptible, même en revoyant les photos : le paysage est d'une beauté qui nous envahit immédiatement, les larmes me montent aux yeux tellement c'est beau!!! Lorsque je monte les derniers mètres qui me séparent du point de vue, j'entend de la musique, je vois ma Laé qui est déjà arrivée et qui vient à ma rencontre comme pour franchir ensemble ces derniers pas, et me dire "Regarde ma Lilie où on est, où tu es arrivée" L'émotion se fait tout de suite sentir: même si je ne sens plus mes jambes, je ne peux m'asseoir de suite, j'éprouve le besoin de bien faire le tour de cette vue afin de ne pas en perdre une miette, je monte dans l'espèce de cabane qui nous offre une vue tout aussi magnifique, je vois une lumière qui se dégage de derrière les nuages puis, les formes des sommets apparaissent et là c'est une vraie claque!!!!! Je redescends auprès de Laé, Sarah et Léo pour partager ce moment de béatitude et de sérenité, nous décidons de prendre un thé face à ces sommets et là, c'est juste PARFAIT! Je prend conscience du chemin parcouru, de la chance que j'ai de voir ça de mes yeux et non sur une carte postale ou sur les photos de Laé...je suis bien là, c'est bien moi qui vois tout ça, qui perçois le vent qui se lève et qui caresse mon visage, qui se laisse inonder par le soleil qui commence à bien se montrer et je ressens une certaine fierté à avoir accomplie ce chemin, à pouvoir profiter de tous ces instants! Tout ce que j'ai pu imaginer ou fantasmer autour de ce que j'allais voir et vivre devient soudainement palpable et c'est juste formidable !!!!!!

Chaque village que nous traversons est différent : certains sont pourvus d'hôpitaux, de temples dont l'architecture est sublime, on y voit la vie se construire (des maisons en chantier, des routes en constructions, des écoles) et se vivre (nous croisons des écoliers, des femmes portant des kilos de terre sur le dos, des ânes et leurs porteurs apporter les vivres au village, des hommes creusant leurs terres à l'aide des buffles, des femmes ramassés des plantes sûrement comestibles). Et on y voit aussi des choses insolites comme ce monsieur qui transportait sur son dos un énorme panneau solaire...une chose est sûre: ces gens sont dotés d'une force incroyable!!!!!!!!!!!!!

De retour sur Kathmandu, on s'offre une matinée de repos, de détente (de toute façon, mes jambes ne peuvent plus bouger, en l'espace de 5jours elles se sont transformés en poteaux ^^), nous prenons le temps de revenir à la capitale, de digérer toutes les émotions ressenties pendant le trek et d'aborder notre semaine entre filles!!!! On se prévoit donc une petite semaine, placée sous le signe de la détente où on se laisse un peu porter par les envies de chacune, enfin quand même centrées autour des miennes puisque je n'avais plus qu'une semaine pour découvrire Kathmandu et ces alentours, et les filles avaient déjà eu le temps d'en voir une bonne partie....elles m'emmènent donc à la découverte de Kathmandu et de ces célèbres quartiers décrits dans Flash, de Charles Duchaussois comme Freak Street ou Thamel. En ville, on est vite confrontés au bruit de la circulation et quelle circulation !!!! Ici, pas de route réellement définis, pas de panneaux de signalisations, pas de code de la route enfin au sens où nous l'entendons car sinon il existe bien un code : le plus téméraire arrivera toujours à ces fins, si t'as une grosse voiture et que tu sais montrer que tu ne lâcheras rien alors tu peux rouler sans problème !!!!!! Depuis que j'ai roulé dans Kathmandu, je relativise complétement la conduite parisienne ^^  Cette circulation fait partie intégrante de la citée, les bruits de klaxons se mêlent au décor parmi les étals de viande où l'on peut voir des têtes de moutons ou des poulets entiers dénudés, déplumés, étalés à la vue de tous. On croise aussi des marchands ambulants qui vous proposent de tout (colliers, jouets en forme de serpents ???!!!!, du baume de tigre, de l'encens, des fruits etc.). Je suis surprise de voir la facilité à laquelle les filles se repèrent, elles passent de ruelles en ruelles, prennent des petits passages, ont leurs repères dans certains cafés, restaurants, bars ce qui est drôlement appréciable car du coup, on ne se sent pas du tout perdus.

Que ce soit dans les quartiers de Thamel, au Monkey Temple ou à Pathan, je suis toujours surprise par le contraste entre l'architecture qui est reservée aux temples où l'on voit des monuments qui peuvent faire jusqu'à 4fois notre taille, avec des couleurs magnifiques, je me demande même si il n'y avait pas des feuilles d'or sur certains, l'odeur des encens...tout ceci crée un cadre, une ambiance vraiment magnifique puis à côté, lorsqu'on regarde bien derrière les statues de Buddha ou Ganesh, lorsqu'on sort des temples on voit les "bâtiments" dans lesquels vivent les gens et là, on n'est plus dans le même cadre: c'est beaucoup plus sombre, certains dorment limite dans leurs magasins, d'autres mangent à même le sol et certains dorment dehors, sur une marche. Cela me fait que très souvent lorsque les gens partent très loin de chez eux, dans des pays moins développés, ils sont souvent choqués en premier lieu par la pauvreté ou la mendicité alors que si on regarde bien, chez nous aussi il y a des gens qui vivent dehors, sur une marche, un banc, un pont; il y a des gens qui travaillent toute la journée dans une toute petite boutique, qui peut faire office de chez-soi; il y a des gens qui ne mangent pas à leurs fins tous les jours voir qui ne mangent pas tous les jours sauf que ceux là, à force de les voir chaque jour, on finit par les oublier, ils font partis du décor, on ne remarque plus leurs souffrances et on ne les voit plus. C'est tellement plus facile de s'attarder sur la misère de personnes qu'on ne verra plus et dont on sait qu'on ne pourra rien faire pour eux, plutôt que de se pencher sur notre réalité et voir comment on pourrait y remédier.

Voilà, je terminerais donc ainsi je pense que les voyages sont là certes pour nous faire découvrir autre chose : une autre culture, une autre histoire, une autre population, une autre partie de nous aussi , mais ils sont aussi là pour nous rappeller d'où on vient, de quelle societé et qu'est-ce qu'on fait de nos vies. Jusqu'à présent, j'étais assez paniquée à l'idée de voyager ; aujourd'hui je sais que je veux voyager mais que je ne veux pas faire de voyage-touriste c'est-à-dire enfermée dans ma jolie prison dorée, à siroter mes cocktails et à découvrir le pays au travers d'un bus de tour opérateur, qui me montre ce que la compagnie veut me montrer!!!!!! Alors certes, pendant ces 12 jours, j'ai été amené à dormir à côté de scarabés, de cafards, de geikos ; j'ai appris à faire mes besoins dans des toilettes turques, en pleine forêt en ayant seulement des feuilles comme essuie-fesses :), j'ai également appris à me laver avec un sceau, en mixant eau chaude-bouillante et eau froide, j'ai mangé des plats très bons alors qu'en France je les aurais tout de suite renvoyés en disant un Non merci, je n'aime pas, j'ai appris à dépasser mes limites, à continuer d'avancer malgré la douleur ou les crampes intestinales..Mais le principal, c'est que j'ai APPRIS : j'ai tout simplement appris à vivre dans un environnement différent du mien, avec des repères différents, un mode de vie différent mais au final, j'ai appris, je m'y suis même habituée et sur les derniers jours, tout ceci commençait à devenir familier pour moi. Un voyage c'est ça pour moi :un dépaysement total dans lequel, avec l'aide d'une immersion local, on se crée ces repères et on retrouve ces marques!

Alors je ne pourrais que vous invitez à lâcher prise avec votre environnement, vos repères puis à sauter dans un avion, et rejoindre nos deux globes-trotteuses parce qu'il y a un point que j'ai omis de vous dire, c'est qu'avec ces deux là vous serez très bien entourés : elles savent chacune leurs tours vous rassurez, flippez avec vous et vous faire passer des moments inoubliables !!! Alors les filles, je vous dis un grand MERCi pour m'avoir permise de partager un bout de votre voyage avec vous!!!! Ce voyage me restera à jamais en mémoire, et vous avec !!!!!!

Lilie

Publié dans Inde-Népal

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Y
<br /> J'ai la chair de poule et les larmes aux yeux!!!<br /> <br /> Merci Lilie pour ce merveilleux récit!!!<br /> Je me voyais avec vous sur ce balcon, à 3210 m d'altitude, arrivant au point de vue, avec les jambes lourdes et le souffle coupé!!! Quelle émotion tu nous as fait partager!!! Wouaou!!!<br /> <br /> Et puis, c'est fou, tout ce que tu racontes sur le voyage: quand les gens disent que c'est une chance (alors qu'en fait il s'agit avant tout d'un choix), le choix de dépasser nos peurs, ce qu'on<br /> découvre là-bas, ce que ça nous apprend sur ici et sur nous... C'est fou, ça me rappelle les longues discussions avec Laë à propos des voyages! Les mots que tu écris à ce sujet, sont ceux qu'on a<br /> formulé... Tu aurais pu être dans mon salon avec nous!!! (je ne te connais pas, mais tu es la bienvenue d'ailleurs!!!).<br /> <br /> Après quelques mois passés, même si le quotidien a repris son cours et que les émotions vécues paraissent lointaines à présent, j'imagine que les souvenirs sont encore forts et que parfois ton<br /> esprit est encore là-bas... Tu as bien fait de faire le CHOIX de partir et de dépasser ces ANGOISSES dont tu parles!!!<br /> <br /> Encore merci pour ce témoignage et je te souhaite pleins d'autres merveilleux horizons à découvrir!!!<br /> <br /> <br />
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